Depuis des millénaires la Méditerranée a été
un point de rencontre entre peuples, empires et civilisations de distinct
signe, qu’avaient laissé leurs marques sur les rives de ce grand bassin.
Quand on parle du
Maroc méditerranéen en termes d’une région il est opportun de définir ses
cadres géographiques et les principales caractéristiques de son développement
historique, politique et culturel. L’importance géopolitique et géostratégique
se dérive directement de sa position géographique, puisque il s’agit d’une zone
en simple carrefour des voies très importantes de communications, et d’union
entre les trois continents.
L’intensification
des contacts culturelles est un phénomène très important due aux divergences
qui existaient toujours et restent, entre plusieurs pays présents dans cette
zone de la Méditerranée occidentale. Nous ne devons pas perdre vue qu’au cours
de l’histoire les cultures eurent modifiée et influencé les styles et modes de
vie.
La réalisation d’un
exercice de réflexion entre universitaires de deux rives, la mémoire du passé,
l’évaluation des éléments plus incandescent a l’heure actuelle, et même certain
autre vue de l’esprit, pourraient remplir de trop le contenu d’un cordial expérience
riveraine. Certains activités représentaient un exercice de perspective
historique dans le domaine des relations marroco-ibérique. L’Université Mohamed
V de Rabat a rendu possible des conférences fructueux marroco-ibériques qui ont
été publiés sous le titre « Maroc, Espagne et Portugal. Vers nouveaux espaces
de dialogue ». Publication de la Faculté des Lettres et Sciences Humains
de Rabat en 1999. Ainsi que,
l’Université Abd-l-Malek Assaadi de Tétouan, Département d’histoire de la
Faculté et le Centre d’Etudes Africains de Universidade do Porto, en collaboration
avec la Revue Sémiotiques, avaient
organisé un colloque en décembre 2009 sous le thème : Maghreb et
Iberia : de confrontation à la coopération. Ces deux expériences, aussi il
y avait d’autres, ont entré entièrement dans le domaine de sources oraux dans
l’histoire partagée. Aussi, ces deux rencontres scientifiques périodiques, ne
peuvent seulement, renforcer les liens d’échange culturel, connaissance
mutuelle, et révision de l’histoire partagée entre les peuples de cette zone de
la Méditerranée.
Le Maroc méditerranéen : une
dimension chargé d’histoire
Pour décrire
avec succès le Maroc méditerranéen, se devait examiner la géographique
physique, politique, culturelle et économique de la Méditerranée occidental, se
rappeler l’histoire des grands empires, de Rome et de Carthage jusqu’au
al-Andalous, le Maghreb et la Sublime Porte. Faire allusion a la révolution des
routes maritimes mondiales par les portugais et les espagnols que tout et plus
aient influencé dans l’histoire du Maroc. Réviser le reflux sur ce pays des
va-et-vient de la conquête et la reconquête du Péninsule Ibérique, se référer
enfin au développement du capitalisme européen et sa projection sur le Maroc au
XIXe siècle, à la conférence d’Algesiras en 1906 et la répartition du Maroc
entre les puissances européens.
Comme historien,
il parait indispensable de formuler cette description dans les cadres
historiques pertinents. Le paradoxe est surprenant que certains pays d’Europe
portaient des siècles en contact avec la Maroc, en premier lieu, le Portugal et
l’Espagne depuis le VIIIe, rien de moins, mais aussi la France, l’Italie et
l’Angleterre. Les noms de ces pays méditerranéens sont entremêlés avec le pays
du Maroc dans l’histoire des conquêtes et reconquêtes du moyen âge, de
l’expansion impérial des XVe et XVIe siècles, de l’action extérieur européenne
dans l’ère moderne, et de la politique coloniale de l’ère contemporaine.[1]
Le Maroc avait
été un grand royaume qu’avait joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Afrique
du Nord et de la Méditerranée. En principes du IXe siècle se fonda le royaume
du Maroc sous la dynastie Idrisside, suivie de six dynasties royales
successives : Almoravides, Almohades, Mérinides, Beni-Ouattas, Saadiens et
Alaouites qui sont l’actuelle dynastie régnante depuis 1666. Avant cette
succession de monarchies, le Maroc avait été la rampe du lancement pour
l’invasion de l’Islam dans la Péninsule Ibérique. Des siècles plus tard, le
XVe, il a été la cible de ce que nous pourrions appeler la « réaction
ibérique », avec l’occupation des ports a partir de Ceuta.
Ce va-et-vient de
conquêtes et reconquêtes a contribué à « l’estampillage » du pays,
qui dès la date initiale du VIIIe (711) il devint, dans une certaine mesure,
conditionné par l’existence de la Péninsule Ibérique a quelques milles de sa
côte, de la même façon que la Péninsule, devint conditionné par l’existence du
Maroc au sud de Tarife.[2]
Certes, la
conquête du dernier bastion de la présence musulmane dans la Péninsule Ibérique,
avec la chute de Grenade en 1492, parait comme une étape dans la poussé
ibérique qui s’est conclue par l’occupation de nord du Maroc au XXe siècle.
Pour donner une idée illustration, il a coutume de dire
que, le Maroc à la fin du XIXe et principe du XXe, était pour les européens une
chose si différente et énigmatique. Peut-être seulement ces européens qui sa
profession militaire, diplomatique, religieuse ou scientifique l’emmena au pays
du Maghreb, sont parvenus à avoir une idée bien que pas très complète, ce qui
était ce mystérieux coin proche. En révisant l’histoire politique contemporaine nous observons avec
facilité le degré de cette ignorance. L’ethnocentrisme européen, la mentalité
coloniale et le racisme, ont prédominé pendant longtemps dans les esprits
européens à quelques exceptions près, obscurcissant malheureusement la clarté
de leurs idées.
Effets
et étendue d’une occupation ibérique :
La
situation géographique exceptionnelle du Maroc entre la Méditerranée et
l’Atlantique a dessiné en grande partie les contours de son identité, et de sa
position dans le contexte international, et déterminé en occasion le retrait de
ce pays dans son intériorité. Il est de constater cependant que l’impact
méditerranéen à décliné au bénéfice des deux composants : l’Atlantique et
le Sahara. N’oublions pas que pendant les XVe et XVIe siècles, l’installation
de forteresses portugaises et espagnoles, autant dans la côte méditerranéenne
que dans l’Atlantique, aurait obstruée pratiquement tous les départs maritimes
du pays, en occupant les meilleurs ports utiles, et causé un mouvement de
reflux, faisant balancer les centres politiques de gravité vers l’intérieur du
pays, que ainsi, il trouvât dans cette retraite « continental » une
sorte de défense contre les dangers provenant de la mer. Alors les marocains se
sont repliés sur leur espace intérieur dirigeant résolument leur regard et
leurs énergies vers leur prolongement saharien. Ce reflux a interrompu le
trafic commercial qui au moyen des caravanes transsahariennes apportait les
produits de l’Afrique subsaharienne, y compris l’or, vers les ports du nord, du
lesquels ils arrivaient à l’Europe. Les flux sud-nord, dont celui de l’or
ramené de l’Afrique subsaharienne avaient structuré puissamment le réseau
urbain du Maroc qui était organisé en fonction de ces échanges a longue
distance. La prospérité de villes comme Ceuta, Badis, Nekour et d’autres villes
de la côte méditerranéenne et leurs rades respectives, mettaient le littoral au
cœur du dispositif commercial de la Méditerranée. Ces ports jouaient un rôle
déterminant dans l’échange du Maroc avec les villes du bassin occidental de la
Méditerranée.[3]
Il est certain
que la côte méditerranéenne était vouée à subir les dangers des convulsions
politiques ou de colère, devant l’expansion ibérique au Nord et l’avancée
ottomane à l’Est, aux XVe et XVIe siècles. Jusqu’alors ne pouvait que
péricliter progressivement comme tout corps qui se referme sur lui-même.
L’occupation
portugaise en 1415 de la ville de Ceuta, avant-port du Maroc qui avait les
structures qui prédestinaient à devenir une cité-Etat, a l’instar des villes
italiennes, a brusquement interrompu le courant qu’avait jusqu’au début du
siècle circulait par Ceuta, faisant dévier ce courant primitif vers d’autres
débouchés. Or le XVe siècle n’a pas connu uniquement cette perte irrémédiable
de la cité et l’interruption a travers elle du commerce avec la Méditerranée,
une autre ville, Melilla n’a pas tardé à tomber entre les mains des espagnols à
la fin du siècle. Avant que la Castille, aussi le Portugal était devenu présent
au Maroc, entre d’autres places conquis après Ceuta, Alcasar-seguir en 1453,
Arsila et Tanger en 1471, Mazagan en 1502, Mogador en 1504 et Safi en 1508.
Sans compter l’occupation d’autres points mineurs par les espagnols, comme le
rocher de Velez (Hajrat Badis) en 1508, le rocher d’Alhucemas (Hajrat Nekour)
en 1673, et enfin les iles Chaffarinnes en 1848. Ceuta a passé à mains
espagnoles en 1668, et Tanger en Angleterre sept ans avant. Mais quand on
mesure l’ampleur de la confrontation avec les portugais et les espagnols, ce
n’est pas seulement en termes d’occupation de centres actifs, mais en
destructions tout au long de ces cinq siècles d’organismes urbains qui ont
connu leur apogée au moyen âge.[4]
C’est ainsi que Badis, Nekour, et d’autres villes au centre du littoral
méditerranéen ont complètement disparus. La confrontation avec ce danger
externe a provoqué deux phénomènes : la rétraction de la vie urbaine vers
la ville de Tétouan et de Tanger, a l’Ouest, et Oujda a l’Est. Par ailleurs,
même les villes qui ont connu une permanence historique ont subi des invasions
qui ont détruit leurs structures urbaines. Or la présence coloniale d’abord
portugaise, puis espagnole, à partir du XVe isola la zone septentrionale du
Maroc et la voua à une grande déchéance économique et sociale comme à la
séparation politique.[5]
A la manière de la
zone septentrionale, la présence ibérique dans la côte atlantique du Maroc,
remonte au XVe siècle, un des personnages clés dans les entreprises africains
est l’infant don Enrique appelé le navigateur (1394-1460), ses premières
expéditions ne dépassaient pas le cap Bojador, mais a partir du 1435 ils
arrivent à Rio de Oro. Il est logique après cette présence portugaise de
comprendre le choc entre le Portugal et la Castille dans cette course pour les
découvertes et la conquête postérieure. Il semble que le traité du Tolède en
1480 retient momentanément le conflit. La conquête des iles Canaries aurait
commencé en 1402 et achevé en 1495, de ces iles, des expéditions sont organisés
à la côte sud marocaine et commenceront à construire des fortifications qui ont
un double objectif, militaire et commercial. Les frottements entre le Portugal
et la Castille sont réglés, le roi Manuel I de Portugal et la reine de la
Castille ont terminé par mettre une fin à Sintra en 1509 au dispute qu’elle
opposait aux castillans et portugais sur les limites du Royaume de Fès et de
ses zones respectives d’influence dans la côte sud du Maroc, aussi comme déjà
il avait arrivé dans Alcazovas (1479) et à Tordesillas (1494), et il arriverait
plus tard à Saragosse (1529).
Cette longue
évolution a affecté profondément la vie rurale et l’organisation de la société.
Tout au long de cinq siècles, la confrontation n’a guère cessé entre forces
venues de l’extérieure et les populations autochtones mobilisés par les
confréries religieuses dans les zaouïas, ces lieux à la fois spirituels et de
luttes contre l’envahisseur. Le pouvoir central avait pris l’habitude de
déléguer à ces populations la mission de défendre la côte.[6]
Les
tentatives de reconquérir les territoires occupés :
Les prétentions
marocaines d’expulser les ibères de ses places fortes sur les côtes marocaines
ont pris corps en mesure à la consolidation du pays comme entité étatique. Mais
les premières tentatives du sultan mérinide Abou Saïd Otman pour récupérer Ceuta
portugaise par les armes remontaient
déjà à 1418 et 1419, à peu de son occupation par le Portugal. Aussi, Ceuta fut
assiégé postérieurement en occasions successives (1648, 1655, 1674 et 1727),
Moulay Ismaël a tenté de la prendre en mettant au siège entre 1689 et 1727. De
nouvelles actions, toujours ratées, se sont succédés en 1757, et entre 1760 et
1766, et une fois plus en 1790.
Les tentatives du
sultan Mohammad as-Sheikh al-Wattasi, pour recouvrer Melilla datent des mêmes
dates de sa conquête par Medina Sidonie, frustrés pour la récupérer il était
surtout au milieu du XVIIe siècle, quand une plus grande pression a exercé sur
Melilla (1646, 1667, 1678 et 1679). De nouveau il s’agissait de la récupérer a
la fin du siècle (1694-1695), en cédant l’activité militaire marocaine jusqu’en
1774, l’année ou les troupes du sultan sidi Mohamed ben Abdallah l’eurent
assiégée pendant trois mois sans succès. Le harcèlement à Melilla avait à
reprendre aux fins du XIXe siècle, cette fois à la charge des kabyles rifaines
en dégénérant en guerre de 1893 et celle-là de 1909.[7]
Certes, la
victoire marocaine dans la bataille Oued al-Makhazine (Alqasrkebir) ou des
Trois Rois en 1578, finit avec l’aventure du Portugal au Maroc, et avec son
rêve de le conquérir en mettant en évidence l’existence d’un sentiment national,
et la possibilité de pouvoir mobiliser le peuple pour la cause de
l’indépendance du pays, ou peut-être, seulement, le rejet accablant collectif a
l’envahisseur, de l’infidèle. En tout cas, il est été par ces temps quand le
Maroc se débarrassa définitivement, non seulement des ambitions ibériques, mais
aussi des turcs d’Alger, dont l’orbite a réussit à échapper.[8]
Mais le certain est que a peu plus d’un siècle et demi qui séparaient la
conquête de Ceuta par don Duarte en aout 1415 et la mort de don Sébastian à
Oued al-Makhazine en aout 1578, le Portugal avait perdu la plupart de la longue
douzaine des places fortes conquises, et des forteresses levées sur les côtes
méditerranéens et Atlantiques du Maroc. D’un fait, il abandonna presque tout
dans un quart du siècle entre l’opération ratée dans la Maamoura et la décision
de les évacuer, sauf Mazagan, adoptée par João III en 1541, ce que se traduisit
en retraite de Safi la même année, de Azemmour en 1542, de Arsila et
Alcasr-seguer en 1550.l’autre autant succéda a l’Espagne, même si son expansion
bien que plus prolongé dans le temps, elle a été moins ambitieuse que la
portugaise, en se limitant en pratique a la façade nord du Maroc. Se sont
conservés Melilla et le rocher de Velez, Ceuta, le rocher d’Alhucemas et les
iles Chaffarinnes. Ils ont partagé tous, sa nature militaire, fortins ou
forteresses, et les conséquences inévitables de sa précarité, l’effort
permanent a celui que durant des siècles a eu s’appliquer l’Espagne pour
garantir sa sécurité et la survie de ses habitants. Il s’agissait d’agrandir
l’espace vital de ces bastions vulnérables en mesure de comment la relation de
forces évoluait entre l’occupant et le Maroc.[9]
Depuis lors jusqu’aux fins du XIXe siècle le Maroc et l’Espagne ont souscrit
une douzaine de traités, des conventions et d’accords en précisant les
frontières de présides ou en les agrandissant. Système celui-ci d’occupation
restreinte, puisque les espagnoles dans aucun moment se sont posés la nécessité
la plus étendue d’une conquête ou l’inutilité d’une possession isolée,[10]malgré
le fait que certains fanatiques percevaient avec ferveur le testament de la
reine Isabel la Catholique.
Cette présence
étrangère et belligérante n’a pas eut limité cependant, à creuser les
structures faibles des dynasties Wattassi et Saadi, mais quant les ibères
avaient occupé des bases les plus importantes de sa frange littoral, ils ont
suffoqué la projection maritime de ces formations politiques fragiles, en isolent
l’intérieur du pays de la périphérie hostile et du trafic commercial
méditerranéen et atlantique, en augmentant l’importance des grandes capitales
de l’intérieur : Meknès, Marrakech et Fès, et en fortifiant sa projection
commercial vers le sud continental.[11]
Seulement à partir des fins du XVIIe, le Maroc a commencé à récupérer une de
ces places, Larache en 1669, Maamoura en 1681, Arsila en1691, Azemmour et
Mazagan en 1769, inclus Tanger, abandonné de l’Angleterre en 1684.
Au seuil
de colonisation franco-espagnol :
La Méditerranée a été une mer de
communications, cela a favorisé l’existence de grands échanges, culturels et
sociaux, mais a ouvert aussi la voie aux conflits et à la colonisation.
En 1900, le Maroc
était l’état unique indépendant et souverain dans l’Afrique du Nord, car
l’Empire turc qui jusqu'au XIXe siècle était arrivé à dominer ou à exercer
certain droit de regarde sur toute la côte d’Afrique dans la Méditerranée,
s’arrêta à la frontière marocaine qu’il eut traversé jamais. La conquête de
l’Algérie par la France en 1830, a terminé avec l’ère turque, et en dépassant
les territoires constituants l’ancienne Algérie (le Tell), la France eut
avancée vers le sud, plus là-bas de la frontière désertique.
Enfermé entre le
voisinage de l’Empire Ottoman et la côte, le Maroc essaya de maintenir ses
liens sahariens et d’établir sur des vastes régions du Sahara un système
religieux-politique dénommé l’allégeance qui s’est prolongé. Une constante
saharienne suivait, ainsi le Maroc, car plusieurs de ses dynasties, elles
avaient procédé du Sahara, et le Sahara a été toujours un espace constante de
communication avec l’Afrique subsaharienne.
Il est important
de relever que l’Espagne a insisté pour obtenir des concessions territoriales
au sud, sur la côte atlantique. Les préoccupations stratégiques espagnoles pour
se faire reconnaitre des droits sur Sidi Ifni, Saguiat-l-Hamra et Oued ed-Dahab
rejoignaient celles de l’administration française d’Algérie qui envisage de
doter la colonie d’une ouverture sur l’Atlantique par le contrôle éventuel de
la saguiat-l-Hamra.[12]
Les dernières occupations sahariens ont eut lieu déjà au XXe siècle, donc les
régions de Touat, Gourara et Tidikelt, qui se trouvaient jusqu’alors sous la
sphère politique-religieuse du Maroc, ont été conquises en 1900, et Tindouf
inclus, aujourd’hui si connu internationalement, pour héberger des campements
de refugiés, a été occupé en 1934, en le soustrayant également à la sphère
marocaine à laquelle il avait appartenu.[13]
Nous constatons là
les prémices du partage colonial qu’allait aboutir, au début de siècle, a
tracer les lignes artificielles, rompant les relations humains et les courants
d’échange entre les parties méditerranéenne, atlantique et saharienne du Maroc.
L’objectif espagnol était l’occupation et le contrôle de la partie du pays que
l’Espagne avait considérée comme sa zone d’influence, à la suite de partage
colonial de la fin du XIXe et début des XXe siècles. En 1902, l’Espagne eut renoncé
à une répartition avantageuse du Maroc avec la France pour crainte à la
réaction britannique. Elle renonçait ainsi, à une portion du Maroc limité par
le Moulouya, la Méditerranée, l’Océan, et une ligne qui, en partant de
l’embouchure de Sebou, passait au nord de Meknès, en laissant pour l’Espagne
presque tout le royaume de Fès, même la capitale.[14]
En 1904, la France et la Grande Bretagne ont sellé l’Entente Cordiale, sa pièce
maîtresse fut les déclarations sur l’Égypte et le Maroc. Fut cet accord qui marqua
dans une bonne mesure le destin de l’Espagne, parce que, pour assurer ses
intérêts stratégiques d’une partie et reconnaitre de l’autre l’hégémonie
française déjà sur le Maroc, London a imposé l’acceptation par Paris d’une zone
d’influence espagnole le long de la corniche septentrional marocaine, en
fermant ainsi sa sortie a la Méditerranée.[15]En
octobre de la même année 1904 se signa la convention franco-espagnole par
laquelle l’Espagne se ralliait à la déclaration de Londres.
Inaugurée le 16
janvier 1906, la Conférence d’Algesiras, elle confirme le principe de l’égalité
économique et de la liberté commercial. Mais elle consacre également
l’ingérence des puissances contractantes dans les affaires politiques, fiscales
et financières du Maroc par l’intermédiaire de la France et de l’Espagne comme
mandataires de l’Europe. De là sortit l’ébauche du Protectorat franco-espagnol,
attaché si seulement a un vague
contrôle international.
En référence au
Sahara occidental, tardivement occupé par l’Espagne même si les titres qu’elle
exhibait pour le faire ont trouvé leur Origine dans les conventions
franco-espagnoles de Paris du 27 juin 1900 et le 3 octobre 1904, et de Madrid
du 27 novembre 1912 qu’institua le Protectorat. Encore en 1929 il a eu lieu une
interpellation dans l’Assemblée Nationale Française pour que Madrid procédât
sans retard a l’occupation effective du Rio de Oro, Ifni il été en 1934. Alors
qu’elle ratifiait l’attribution à l’Espagne de ces territoires, la convention
de 1912 lui octroyait Tarfaya, limitrophe par le sud avec la limite
septentrional du Rio de Oro.[16]
Le Protectorat
instituât un nouveau régime, en effet, il finit avec l’indépendance et la
souveraineté marocaine, la souveraineté du monarque fut amputée de ses
attributs essentiels : le maintien d’ordre, la défense, la représentation
extérieure et la gestion des finances, des ressorts qui devenaient sous le
contrôle de Paris, et peu plus tard, au moins partiellement, à d’Espagne.
Des
postures devant les actuels conflits :
Existent aujourd’hui
dans la zone des portions déterminées de territoires situés dans la périphérie
espagnole, hérédité d’un passé plus ou moins lointain, et sont elles toutes
objet d’un litige. Il s’agit, en effet, de Ceuta et Melilla, les rochers
d’Alhucemas et Velez, et les iles Chafarinas ; d’Olivenza et son
territoire, et de Gibraltar.[17]Si
le Portugal eut réclamé la restitution d’Olivenza à la souveraineté
lusitanienne à peu de sa perte, le Maroc, aussi, eut présenté la réclamation de
sa souveraineté territoriale des Places espagnoles occupées.
L’emplacement
physique de Ceuta, Melilla et les Rochers, font de l’Espagne l’état européen
unique avec les pieds dans le continent africain. Les revendications marocaine
et portugaise, par leur proximité géographique et pour être l’Espagne son
dénominateur commun, ils sont étroitement imbriqués autant dans le domaine de
la dispute politique, avec le risque de provoquer des glissades importantes
dans le débat juridique. Personne en Espagne ne se semble disposé à aborder
avec courage et imagination des affaires si polémiques comme Ceuta et Melilla,
dont l’invocation déchaine des réactions émotionnelles de tout genre.[18]
Bien il est vrai que la logique de la polémique amène à forcer parfois
l’argumentation jusqu'à frôler l’incongruité. Les arguments marocains et
espagnols sont métajuridiques, et seulement se justifient par l’anachronisme
d’une situation qui persiste.[19]
Ce que les opinions publiques perçoivent c’est la persistance de situations qui
sont l’hérédité du passé. L’une, pratiquement ignorée par la majorité immense,
Olivenza ; l’autres, retiennent des concepts de nos jours familiers, tel
que anachronisme, colonialisme, droit d’autodétermination, intégrité
territorial, et usage de force.[20]
Dans la question ardue de l’existence ou non des similitudes, entre le statut
des Places espagnoles et celui de la Colonie britannique, avec Olivenza par
dedans, l’affleurement de Ceuta et de Melilla avec Gibraltar est conséquence de
sa similitude géographique, par sa nature commune d’enclave, appellation qui
justifiait par sa dépendance à l’intérieur du pays et pour former celles-ci une
partie du territoire marocain et celui-ci du ibérique.[21]
La doctrine
stratégique espagnole faisant du détroit un trait d’union entre ses différents
territoires devra être révisable. Pour ce faire il convient de susciter une
procédure de dialogue, le feu roi Hassan II, avait proposé en février 1987, la
formation d’une cellule de réflexion qui se penche sur la question des
enclaves, auquel il faut trouver une solution dans le cadre des droits
imprescriptibles du Maroc et des intérêts vitaux de l’Espagne dans la région.
Bien que la proposition marocaine de créer cette cellule de réflexion n’ait
trouvé aucun écho du côté espagnol, il n’en demeure pas moins que le temps
viendra où les deux riverains devront aborder de front la question des
présides, et éviter qu’elle puisse gêner ni la coopération économique, ni la
collaboration pour assurer la stabilité et la sécurité de la zone.[22]
Malgré que
l’Espagne se montrer inflexible dans sa posture, il y a eu des voix de hautes
personnalités qui ont marqué le fait dont l’Espagne ne peut pas soutenir en
face de l’Angleterre une thèse revendicatrice du Rocher Gibraltar, et en même temps
défendre une thèse colonialiste en face du Maroc. Le penseur espagnol Joaquin
Costa qui dans le meeting de l’Alhambra le 30 mars 1884 a prononcé que le Maroc
revendiquerait Ceuta et Melilla, comme l’Espagne revendique Gibraltar. Aussi,
la claire vision réaliste exposée par le diplomate et penseur Maximo Cajal dont
son œuvre est citée dans cette intervention. Ainsi, tant que cette occupation
se maintiendrait, le Maroc n’est en réalité qu’un pays méditerranéen par la
géographie et l’histoire, mais il deviendra pays méditerranéen à part entière
le jour ou l’Espagne se retirera de ses présides, en ouvrant la voie vers une
période de coopération bilatérale, libérée à jamais de l’hypothèque coloniale.[23]
Au-delà d’appareil
étatique, l’élite de la société civil a un rôle fondamental a jouer a travers
de l’université, des associations culturelles et scientifiques, afin de faire
disparaitre les préjugés et les manœuvres diplomatiques, en ouvrant la voie a
un règlement de la question épineuse des territoires occupés entre les pays de
cette zone méditerranéenne.
[1] Alfonso
de la Serna, Una mirada al Magreb , separata.
[2] Ibidem.
[3] Mohamed Naciri, Le Maroc méditerranéen : l’envers
du décor, GERM ; Rencontre de Tétouan, octobre 1990, Rapport n° 1.
[4] Ibidem.
[5] Germain Ayache, Etudes d’histoire marocaine :
Beliounech et le destin de Ceuta entre le Maroc et l’Espagne, SMER, Rabat,
1979, p.321.
[6] Naciri, op. cit.
[7] Maximo Cajal, Ceuta y Melilla, Olivenza y
Gibraltar. Donde acaba España ?, Ed.siglo XXI, Madrid, 2003, p. 100.
[8] Abdallah Laroui, L’Histoire du Maghreb, II, Paris,
Maspero, 1976, p.30.
[9] Maximo Cajal, op. cit., p. 103.
[10] Ibidem, p.108.
[11] Alfonso de la Serna, Al sur de Tarifa.
Marruecos-España : un malentendido historico, Madrid, Marcial Pons,
Historia, 2002, p.128.
[12] Paul Isoart, Réflexions sur les liens juridiques
unissant le Maroc au Sahara occidental, R.J.P.E.M., 1978, n° 4, p.28.
[13] Alfonso de la Serna, Una mirada.., op. cit.
[14] Jeronimo Becker, Historia de Marruecos. Apuntes para
la historia de la penetracion europea, y principalmente de la española en el
norte de Africa, Madrid, 1915, p.428.
[15] Maximo Cajal, op. cit., p.134.
[16] Ibidem, p.26.
[17] Ibidem, Introduction.
[18] Ibidem, p.16.
[19] Rachid Lazrak, Le contentieux territorial entre le
Maroc et l’Espagne, Casablanca, Dar
ai-Kitab, 1974, p.216.
[20] Maximo Cajal, op. cit., p.193.
[21] Rachid Lazrak, op. cit., p.206.
[22] Mohamed Bennouna, La dimension géopolitique du Maroc
méditerranéen, GERM, Rencontre de Tétouan, 1990, Rapport n° 3.
[23] M’barek Zaki, Le Maroc et la Méditerranée. Etudes
d’histoire, Rabat, 2003, p.27.